Direction les tatamis, pour voir en quoi cette pratique dont on entend de plus en plus parler consiste concrètement.

Le cours de krav-maga ne désemplit pas
Ce qui frappe en premier, c'est l'incroyable hétérogénéité. Hommes, femmes. Adolescents, sexagénaires. Petits, grands. Minces, corpulents. Cadres ou étudiants. Tous différents… Mais tous soumis aux mêmes ordres d'un instructeur chauffé à bloc : « Il faut du contact, de la lutte ! » Bienvenue au cours de krav-maga, où tous les coups sont permis. « L'important est d'être en vie. »
Le club Krav-Maga Orléans a été créé en 2009 par Christophe Pléau. Depuis, les effectifs de l'association n'ont cessé de croître. Rien qu'à Orléans, où les entraînements ont lieu au palais des sports, il y a 200 adhérents. Dominique en est : « Je voulais déjà en faire gamine. Eh puis, j'ai subi une agression. Deux ans après, je me suis inscrite. Je n'étais pas prête avant. Ça fait tout travailler, ça défoule, ça peut aider… Même si on se fait pas mal de bleus ! »
Une véritable tendance que cette méthode de self-défense en provenance d'Israël ? « Je crois surtout qu'il s'agit d'une réponse à l'évolution de notre société. Ce n'est pas un "phénomène", mais le système le plus adapté face à tout ce qui se passe aujourd'hui », répond l'instructeur Christophe Pléau. Pas de rush, donc, ici, – comme à Cologne par exemple, où il y a eu un véritable boom après les multiples agressions qui ont eu lieu le soir de la Saint-Sylvestre – mais une constante progression et des inscriptions qu'il faut même, parfois, freiner.
Apprendre à « se tenir prêts »
Ils sont près de 70, ce mercredi-là, à peaufiner leurs techniques de défense et de combat. D'abord un footing d'échauffement. Puis un exercice de ballon. « Il y a un protecteur, un porteur. Je ne veux voir personne arrêté ! » Il est pourtant le premier à crier « Stop ! » Mais c'est pour contraindre ses élèves à faire des pompes : « Vite ! Vite ! », commande-t-il.

Vient l'heure de rentrer – au sens propre comme au figuré – dans le vif du sujet : « À Orléans, une fille s'est fait agresser par trois mecs avec des bâtons. Imaginez la même situation. Il faut vous défendre, être agressifs, y aller à fond, ne pas faire de cadeau », enchaîne le coach. Démo : « Pointe de flèche, frappe marteau, saisie, génitale, génitale, saisie bâton… » Tout le monde s'exécute. Évidemment.
Les pratiquants, sont, volontairement, mis « sous pression ». « On n'est pas au Club Méditerranée, on s'entraîne comme si on était dans la rue. » L'instructeur tient à souligner : « L'aspect physique est important, mais la détermination peut faire la différence. Si vous gagnez sur quelqu'un qui vous a agressé, psychologiquement, ce sera un peu moins dur après. »
« C'est concret »
Pas le temps pour les bavardages. À l'abordage ! « Allez, allez, il faut avancer, être en mouvement. Si vous n'êtes pas en mouvement, vous êtes morts ! », met en garde l'homme aux tatouages qui, au combat, change de visage. Pourtant, Christophe Pléau l'affirme : « L'objectif n'est pas d'en faire des tueurs, mais de leur apprendre à gérer leur stress, de leur donner des réflexes qui les sauveront. Il ne s'agit pas de tomber dans la paranoïa, mais de les tenir prêts. »
Effectivement. Ce n'est pas, franchement, une bande de guerriers qui s'active sur les tatamis depuis 1 h 30 maintenant. Les intentions sont là. Les gestes soignés. Mais entre pratiquants, l'ambiance est bon enfant. Difficile de comprendre ce qui réunit tous ces gens. « C'est une technique simple, complète, efficace, réaliste. Tous ont besoin d'aller vers du concret, d'apprendre à se protéger », insiste celui qui a commencé le krav-maga « avec le commando de l'armée, en 1982 ».

L'entraînement n'a pas fait de blessé ce jour-là. Mais ça peut, bien sûr, arriver. Au krav-maga, on ne prend pas de gants : tout est bon pour maîtriser son assaillant… et « sauver sa peau. »
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